La presse britannique 


Depuis les origines des civilisations, les dirigeants et les populations ont ressenti le besoin et le désir de « savoir ce qui se passait ailleurs », ou le souhait de « garder le souvenir » d’évènements marquants.
Dans la tradition orale, les conteurs d’histoires, les colporteurs, les troubadours et les trouvères remplissaient cette fonction de communication et d’information, reliant les différents groupes d’une communauté qui s’élargissait petit à petit. Puis apparurent les crieurs publics et les affiches placardées aux quatre coins de la ville ou de la province.
Pour ce qui est de l’écrit, ce sont d’abord les correspondances privées entre gens de lettres ou entre membres de groupes organisés qui remplirent ce rôle. Elles purent se multiplier avec l’apparition des services postaux réguliers et remplir de mieux en mieux cette fonction d’échange d’informations.

La Naissance de la Presse

A partir du Moyen-Age, puis de la Renaissance, le création d’Etats plus grands, le développement des savoirs et des échanges bancaires ou commerciaux multiplièrent les besoins d’informations.
L’apparition de la typographie mise au point par Gutenberg en 1438 ouvrit la porte à une multiplication rapide d’un même texte. Dès la fin du XVème siècle apparurent les « occasionnels », petits cahiers de feuilles volantes racontant les évènements importants. Au XVIème siècle, les tensions entre les groupes poussèrent chacun à faire sa propagande sous forme de « libelles », publications massives de feuilles volantes qui entretenaient les polémiques religieuses ou politiques. Très vite, les états imposèrent une censure et une législation répressive pour mettre un frein à ces débordements qui pouvaient s’avérer dangereux pour l’unité de l’Etat.
Les premiers « imprimés périodiques » furent les « almanachs », et ce dès 1460. Ils retraçaient la chronologie annuelle ou semestrielle des principaux évènements. Puis apparurent les « gazettes » qui retraçaient périodiquement l’enchaînement d’évènements qui s’accéléraient avec les guerres du XVIIème siècle. C’est vers 1620 ou 1640, selon les pays, que l’on note l’apparition d’une « presse régulière » qui s’engage de plus en plus dans l’analyse et le commentaire.

La Presse en Angleterre

En Angleterre, le pouvoir de la presse se fit sentir de plus en plus et en 1662 le régime en place fit voter le « Licencing Act » qui imposait un système d’autorisation préalable et de censure 

pour toutes les publications. Cela dura jusqu’en 1688.
En 1712, le presse fut soumise à un droit de timbre sur chaque exemplaire. 
Dès 1787, on évoquait le « quatrième pouvoir » en parlant de la presse, et ce n’est pas surprenant de voir le législatif tenter alors de luis imposer des limites avec le vote du « Libel Act » de 1792 qui définissait les conditions qui pouvaient amener les journalistes à être poursuivis.

Les titres de l’époque étaient assez éphémères. Les historiens se souviennent de quelques uns comme « The London Gazette », « The Daily Courant » (1702), The Daily Advertiser » (1730), « The Gentleman’s Magazine » (mensuel paraissant dès 1731). D’autres sont restés dans l’histoire, marqués par le prestige d’une plume célèbre, comme « The Revue » de Daniel Defoe, qu’il édita, seul, entre 1704 et 1713 ; « The Tatler » de Steele et Addison entre 1709 et 1711 ; ou « The Spectator » étouffé en 1712 par le droit de timbre trop coûteux.
Très politiques, très polémiques au départ, certaines publications se diversifièrent et apportèrent des nouveautés, comme « The Daily Post » qui publia en 1719 le célèbre récit « Robinson Crusoe » de Daniel Defoe sous forme de feuilleton.
Au XIXème siècle, de nouvelles techniques de fabrication permirent de baisser le prix des quotidiens et de toucher ainsi des classes moins aisées. Le développement des chemins de fer permit d’en accélérer la distribution et fit apparaître le système d’abonnement. L’invention du télégraphe électrique en 1837 par Morse accéléra fortement la transmission des informations qui transitait déjà par des agences de presse : Havas (1832) ; Associated Press (1848) ; Reuter (1851).
Les grands quotidiens de l’époque étaient : « The Times », déjà ! (1788) ; « The Morning Chronicle » (1769) ; « The Morning Post » ; « The Morning Herald » ; « The Daily News » (fondé par Charles Dickens) ; ou « The Morning Journal ».
Apparu, à la même époque, toute une presse du dimanche en marge de la presse quotidienne, avec : « The Sunday Monitor » (1779) ; « The Observer » (1791, et qui existe toujours) ; « The Sunday Times » ; « The Bell’s Weekly Messenger » ; « News of the World » (1843 et toujours en presse) ; « The Lloyd’s Weekly News » … C’est encore aujourd’hui une caractéristique particulière de la presse outre-Manche.
Parallèlement, se développait alors une presse de province de qualité avec des titres comme : « The Scotman » d’Edimbourg (1817) et « The Manchester Guardian » (1821).

Les années 1850 virent apparaître des techniques qui permirent l’impression d’illustrations, mais c’est surtout l’année 1855 qui marqua un tournant pour la presse britannique avec la suppression des « Taxes sur le Savoir » qui fit baisser les prix et se multiplier les titres dont beaucoup sont encore présents de nos jours. Apparurent alors : « The Daily Telegraph » (1855) ; “The Standard” (1857)Puis toute une presse populaire à très bas prix : « The Evening News » (1881) ; « The Star » (1888) ; « The Daily Mail » très racoleur (1896) …

Ce fut bientôt, au début du XXème siècle, l’âge d’or de la presse écrite qui n’avait pas encore de concurrents dans la diffusion de l’information (la radio n’apparaîtra qu’en 1920, suivie par les « actualités filmées » au cinéma, la télévision vers 1950, puis Internet (fin des années 1980) et bientôt l’info pratiquement en direct sur son téléphone portable !
La presse d’aujourd’hui au Royaume-Uni est en grande partie née à cette époque de l’âge d’or, soit par l’évolution de titres existants, soit par la naissance de nouvelles pages comme : « The Daily Express » (1900), « The Daily Mirror » (1904) … donnant une place très importante à l’illustration, parfois au détriment du sérieux du contenu ! Une exception : la naissance tardive, en 1986, d’un nouveau titre : « The Independent ».

Dis-moi ce que lisent tes amis anglais et je te dirai qui ils sont !

Certainement aidée par un taux de TVA à O% (oui, ça existe !), la presse quotidienne britannique atteint des tirages records. Mais le plus important pour nous, visiteurs étrangers, c’est de savoir décoder quel genre de presse lisent nos amis anglais. Comme en France, certains journaux sont fortement marqués politiquement, et en découvrant leurs tendances, vous pourrez deviner les opinions politiques de vos hôtes lors d’un futur séjour à Londres ou à Chester, et ce, à la simple vue du quotidien qui ne manquera pas de traîner sur la table du petit déjeuner, glissé dans la boite aux lettres sur la porte d’entrée par un adolescent qui se fait ainsi son argent de poche (et non pas lancé par un « teenager » pressé sur son vélo comme vous l’avez vu dans des films : ce n’est qu’aux Etats-Unis que l’on a de si mauvaises manières !).

Pour comprendre ces informations sur vos amis, encore faut-il que vous soyez capables de mettre la bonne étiquette sur chaque titre. C’est ce que nous allons vous aider à faire ici !

 

 


The Daily Papers

Il faut déjà faire la différence entre les "grands formats", sérieux et plus chers, et les "tabloids", plus petits, moins chers et beaucoup moins sérieux, pour ne pas dire pire pour certains !

Titre fondé en  tirage quotidien 
(en 1996)
remarques.
The Times 1785 700 000 Journal sérieux, pilier de l'Establishment britannique, il s'adresse aux classes dirigeantes et couvre les nouvelles du monde entier.
Politiquement indépendant, il est souvent proche des idées du parti conservateur.
The Evening Standard 1827 500 000 C'est une exception : le seul quotidien du soir !
Journal populaire.
The Daily Telegraph 1855 1 million Issu du "Morning Post" créé en 1722.
Journal sérieux de centre droit qui soutient en général les vues du parti conservateur.
Il a sa version sur Internet : "The Electronic Telegraph"
The Financial Times 1888 300 000 Journal sérieux consacré presque exclusivement à l'économie, aux finances et à la bourse. Vendu principalement dans le quartier de la City de Londres. Il est très reconnaissable à la couleur saumon du papier sur lequel il est imprimé.
The Daily Mail 1896 2 millions Journal populaire de centre droit.
The Daily Express 1900 1,6 million Journal populaire qui soutient en général le parti conservateur.
The Daily Mirror 1903 3 millions Journal populaire de centre droit.
The Guardian (1821)
1961
500 000 Issu du "Manchester Guardian" créé en 1821 et rebaptisé "Guardian" en 1961.
Journal sérieux de gauche, proche du parti travailliste.
Il a sa version sur Internet.
The Morning Star 1930 9 000 Il fut vendu sous le nom de "Daily Worker" jusqu'en 1966.
Journal populaire qui soutenait la Parti Communiste britannique. Depuis le milieu des années 1980, il a épousé les vues d'un groupe de dissidents du PC qui a fondé The Communist Party of Britain.
The Sun 1964 4 millions Issu du "Daily Herald" 
Journal populaire toujours à la recherche du sensationnel. Il utilise beaucoup de photos (dont la traditionnelle femme dénudée de la page 3 !), peu de texte, et toujours de la xénophobie. Il est très conservateur (au mauvais sens du terme).
The Daily Star 1978 900 000 Issu du journal "The Star".
Journal populaire agressif qui s'adresse aux jeunes générations plutôt révoltées.
The Independent 1986 400 000 Journal sérieux aux idées libres.
Today 1986 500 000 Journal populaire qui fut un des premiers à être imprimé avec des photos en couleurs. Il suit la mode et se trouve être plutôt de centre droit.

 


The Sunday Papers

Ce sont, en fait des hebdomadaires, mais publiés le samedi sous la forme de journaux. Plus chers que les quotidiens, on en a quand même pour son argent et pour tout son week-end car ils sont composés de plusieurs cahiers, souvent de plus de 100 pages chacun, regroupant les infos et les dossiers par thèmes : les infos de la semaine analysées, la culture et les sorties, la mode et la cuisine, le sport ... sans oublier, en supplément, un magazine en couleurs avec, en général, les programmes de télévision.
Ils sont écrit par des équipes de journalistes différentes de celles du quotidiens du même nom.

Titre fondé en  tirage hebdomadaire 
(en 1996)
remarques.
The Observer 1791 600 000 Hebdomadaire sérieux, très connu pour ses dossiers approfondis, il est indépendant mais plutôt de centre gauche. Il appartient désormais au groupe du "Guardian".
Il est vendu avec un magazine en couleurs : "The Observer Magazine".
The Sunday Times 1822 1,3 million Hebdomadaire de qualité de centre droit, comprenant 9 cahiers ! 
Il est vendu avec un magazine en couleurs : "Sunday Times Magazine".
News of the World 1843 4,8 millions Hebdomadaire populaire et vulgaire, n'ayons pas peur des mots !
Spécialisé dans les ragots, les crimes sordides, les scandales et les histoires de sexe.
Il est vendu avec un magazine couleurs : "Sunday".
The People 1881 2,3 millions Hebdomadaire populaire qui se spécialise dans les "histoires vécues".
The Sunday Mirror 1915 2,8 millions Il fut d'abord édité sous le nom de "Sunday Pictoral" jusqu'en 1964.
Hebdomadaire populaire de centre gauche.
The Sunday Express 1918 1,6 millions Hebdomadaire populaire plutôt conservateur qui publie souvent des papiers signés par des personnalités importantes.
Il est vendu avec un magazine couleurs : "Sunday Express Magazine".
The Sunday Telegraph 1961 780 000 Hebdomadaire de qualité plutôt de centre droit, connu pour ses suppléments sur les livres, le sport ...
Depuis 1988, son magazine en couleurs parait le ... samedi !
The Mail on Sunday 1982 2,2 millions Edition du week-end du Mail. Hebdomadaire populaire, toujours à la recherche du "scoop" et du scandale.
Il est vendu avec un magazine couleurs : "You".
The Sunday Sport 1986 370 000 Hebdomadaire populaire à la recherche du sensationnel et du sexy !
The Independent on Sunday 1990 400 000 Hebdomadaire de qualité comme son titre quotidien.

The Weekly Papers

On pourrait ajouter à cette liste d'autres hebdomadaires publiés sous formes de journaux, mais beaucoup plus petits et vendu à travers le monde aux expatriés britanniques en premier lieu :

Titre remarques.
The Guardian Weekly Hebdomadaire sérieux, longtemps imprimé sur du papier pelure très fin pour limiter les frais d'expédition par avion à travers le monde.
Il passe en revue les nouvelles les plus importantes du Royaume-Uni, mais du monde entier également.
The Weekly Telegraph (titre à vérifier !)
...  

 


The Weekly & Monthly Magazines

Nos amis Britanniques ne sont pas, comme les Américains ou nous les Français, de vrais adeptes de grands magazines généralistes mensuels ou hebdomadaires, comme "Newsweek" ou "Time" (à ne pas confondre avec le quotidien britannique "The Times"). Il en existe quand même quelques uns qui on su se faire une réputation outre-Manche, comme :

Titre fondé en  tirage hebdomadaire 
(en 1996)
remarques.
Punch 1841 (disparu en 1992) Un hebdomadaire humoristique et satirique disparu mais qui reste, historiquemet, un des piliers de la presse britannique du XXème siècle.
The Economist 1843 425 000 Hebdomadaire politique, économique et financier. Il est proche du parti conservateur.
Titbits 1881 150 000 Hebdomadaire populaire.
The Times Litteray Supplement ? 30 000 Magazine littéraire... plus connu sous le nom de : "TLS"
The Times Educational Supplement ? 120 000 Hebdomadaire consacré aux problèmes de l'éducation.
Il es connu sous le diminutif de : "TES", c'est l'équivalent du "Monde de l'Educaton" en France.
Private Eye 1962 ? Bi-mensuel satirique qui dénonce les scandales et la corruption. (Sorte de "Canard Enchainé" de droite ?)
Time Out 1968 86 000 Hebdomadaire sur les arts et les spectacles à Londres (cinéma, théâtre, restaurants, expositions, ...)

Et bonne lecture !



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page complétée en juillet 2005