LONDRES


LORD BYRON  "London"


(around 
1820 ?)

"A mighty mass of brick, and smoke, and shipping,
dirty and dusky, but as wide as eye
could reach, and here and there a sail just skipping
insight, the lost amidst the forestry
of masts, a wilderness of stepless peeping
on tiptoe through their seal-coil canopy,
a huge, dun cupole, like a fool's crown
on a fool's head - and there is London town."
Paul 
VERLAINE
"Sagesse"


(1881)

"Un dimanche d'été, quand le soleil s'en mêle,
Londres forme un régal offert aux délicats :
Les arbres forts et ronds sur la verdure frêle,
Vert tendre, ont l'air bien loin des brumes et des gaz,

Tant ils semblent planté en terre paysanne.
Un soleil clair, léger dans le ciel fin, bleuté
A peine. On est comme en un bain où se pavane
Le parfum d'une lente infusion de thé."

Thomas Stearne 
ELIOT
"La Terre Vaine"


(1922)

"En remontant le Strand et Queen Victoria Street,
Cité, Ö ma Cité, je surprends quelquefois
Aux abords d'un café de Lower Thames Street
Le plaisant trémolo d'un air de mandoline
Montant d'un cliquetis de verres et de voix
Là où s'attardent à midi les poissonniers [...]

Le fleuve sue
Le mazout et la poix 
Les gabares dérivent
Avec le flot changeant
Leurs voiles rouges
Déployées sous le vent
Tournent de-ci de-là sur leur espar pesant
Les gabares repoussent
Des rondins
Vers le Bras de Greenwich, par delà l'Ile-aux-Chiens."

Iris 
MURDOCH 
"Under the Net"


(1954) 

"The taxi stopped [...] right up above Holborn Viaduct. [...] If you have ever visited the City of London in the evening you will know what an uncanny loneliness possesses these streets which during the day are so busy and noisy. The Viaduct is a dramatic viewpoint. But although we could see for a long way, not only towards Holborn and Newgate Street, but also along Farringdon Street, which swept below us like a dried-up river. We could see no living being. Not a cat, not a copper. It was a warm evening, cloudlessly and brilliantly blue, and the place was mute around us, walled in by a distant murmur which may have been the sound ot traffic or else the summery sigh of the declining sun."
Valéry 
LARBAUD
"Les Poésies de 
A.O. Barnabooth"


(1966)

"Après avoir aimé des yeux dans Burlington Arcade,
Je redescends Piccadilly à pied, doucement.
Ô bouffées de printemps mêlées à des odeurs d'urine,
Entre les grilles du Green Park et la station des cabs,
Combien vous êtes émouvantes !

Puis, je suis Rotten Row, vers Kensington, plus calme,
Moins en poésie, moins sous le charme
De ces couleurs, de ces odeurs et de ce grondement de Londres."

Pierre-Jean 
REMY 
"La Vie d'Adrian Putney, poète"


(1973) 

"[...] Londres lourd : l'air tiède et les murailles de briques [...] Hyde Park devant la haute maison d'Albert Gate offrait les pentes molles de ses prairies tondues. [...] un canard égaré traverse le ciel, et le bruit aussi d'un avion à réaction [...]. Le dimanche à dix heures, je contournais le grand magasin désuet, descendais Sloane Street et j'achetais mes journaux - tous les journaux du dimanche - au même vendeur à casquette qui me les tendait tous en me reconnaissant.

[...] Souvent pourtant j'ai croisé ces visages déserts qui glissent au long des rues, se traînent. A Hyde Park, bien sûr ; mais les regards anonymes surtout de ces hommes fatigués, le col du pardessus relevé, la barbe drue, dans Oxford Street ou sur les bords de la Tamise, qui longent l'Embankment ou Cheyne Walk. Ils regardent la rivière [...]. 
Marcher alors, suivre peut-être au hasard les jambes nues d'une jeune fille à la jupe trop courte dans les allées du parc ou, le dimanche, errer entre les couples enlacés dans l'herbe.

[...] Au matin, il sortit de nouveau. Il verrouilla soigneusement la porte de sa maison et alla à Hyde Park [...]. Le printemps était tout à fait venu. Le ciel était bleu, les feuilles naissaient dans tous les arbres et des couples d'amoureux, la main dans la main, se promenaient le long de la Serpentine. Dowds regardait autour de lui intensément. Il souriait. Puis, toujours à pied, il traversa le carrefour de Hyde Park Corner en direction de la gare de Victoria où il prit le premier train pour la France."

Jean 
OGER
"Les Anglais
dans l'intimité"
(1975) 
"Celui qui a vu Londres, ne fût-ce qu'une fois, en garde la nostalgie et il ne manque pas l'occasion d'y retourner, si elle lui est offerte, car, malgré son immense étendue, cette grande ville a une âme."
(votre 
webmestre préféré)

"Londres 99"
Clin d'oeil à 
T. S. Eliot -
(voir ci-dessus)


(1999)

"Le fleuve de nos jours
a perdu ses voilures.
Glissant le long des flots
noircis par l'industrie
ce ne sont que navettes essoufflées se croisant
pouffant de noires fumées d'un âcre diesel
pour charrier d'intarissables cargaisons bariolées et criardes
à déverser au pied du Pont sur le quai de la Tour.
Ces touristes accourus à grand frais des quatre coins du monde
prélever une part du passé enfermé dans la pierre
d'un clic instantané sur une feuille de papier
qu'un chimiste astucieux saura bien leur fixer.

En remontant le lent courant du fleuve
à l'autre bout du coeur de ville
c'est par cars entiers
qu'ils arrivent et s'entassent
par devant le Palais et ses grilles
pour apercevoir perchés sur la pointe des pieds
derrière un dais d'ombrelles sombres et trempées
quelques bonnets de poils défiler en fanfare
sur les pas cadencés d'uniformes rouges et noirs
vestiges d'un passé dédaigné par chez eux
et conservé ici comme des fossiles rares
témoins d'un millénaire à jamais révolu
mais qui procurent encore un frisson inconnu

Plus bas vers l'embouchure saumâtre
l'Ile-aux-Chiens de tournure a changé
et n'accueille plus désormais les lourdes cargaisons
de trésors exotiques crachés du ventre gonflé
des navires accostés blanchis par les sels océans.
Ses entrepôts noircis par les fumées et les siècles
ont cédé la place à des immeubles coquets
débordants de jeunes cadres par la City calibrés
et de fraîches secrétaires fleurissant les balcons
ainsi que journalistes rivés à leurs écrans
délaissant Fleet Street pour des bureaux plus grands.

La ville est rajeunie mais le fleuve a des rides."

     

 



Thèmes Page d'entrée

 

© BP / PECAS - Octobre 2004
page complétée en octobre 2005