Oui, le temps qu'il fait est une réelle préoccupation pour nos
amis Anglais... comme pour nous, d'ailleurs !
Mais l'exercice prend chez eux une tournure impossible tant il est vrai que leur
île se situe exactement sur la ligne de front entre une masse d'air froid calée
sur le pôle, au nord, et celle d'air chaud qui vient de l'équateur, au sud.
Ces deux géants invisibles luttent sans cesse comme des sumos, chacun cherchant
à faire reculer l'autre, mais sans vainqueur. Cependant dans l'affrontement,
leurs masses se mélangent et se brassent - on le voit parfaitement depuis que
les satellites nous montrent le combat vu de très haut. Il suffit alors qu'un
courant tournoyant fasse défiler ces poches d'air contrastées pour que le
temps change très vite et devienne rapidement imprévisible, même pour l'heure
qui suit. Dans de telles conditions, la météo ("the weather forecast")
se contentera alors d'annoncer des "rainy spells" entrecoupés
de "sunny periods".
Je n'ai pas oublié, en plein été, avoir quitté un matin ma banlieue de
Wimbledon en chemise sous la chaleur pour me rendre au centre de Londres, et être
revenu trempé et enrhumé l'après-midi.
Je n'oublierai pas non plus cette journée du mois de mai où nous avons quitté
la ville de Durham, au nord de l'Angleterre, vers 13h, sous un ciel dégagé
et limpide par un beau soleil printanier, pour nous rendre au Beamish North of
England Open Air Museum (visite à ne pas rater !)... que nous avons parcouru
sous une ... tempête de neige (d'une heure ou deux), venue d'on ne sait où
et qui s'est brusquement calmée et a disparu aussi vite qu'elle était arrivée
pour nous rendre, sur le chemin du retour en fin d'après-midi, le ciel bleu et
le soleil de saison.
Je suis même prêt à parier que nos amis les Anglais - qui jouent sur quasiment TOUT - ne doivent pas souvent se risquer à miser leurs économies sur le "weather" qu'il fera dans l'heure qui suit !
Virginia WOOLF | "Orlando" (1931) |
"Il pleuvait souvent, mais seulement par averses fantasques qui reprenaient sitôt finies. Le soleil brillait, comme de juste, mais emmitouflé par tant de nuages et dans un air si saturé d'eau que ses rayons perdaient leurs couleurs [...]" |
George MIKES | "How to be an Alien" (1946) |
"The WEATHER This is the most important topic in the land. [...] In England this is an ever-interesting, even thrilling topic, and you must be good at discussing the weather. Examples for conversation 'Lovely day, isn't it ?' For Bad Weather 'Nasty day, isn't it ?' Now observe the last few sentences of this conversation. A very important rule emerges from it. You must never contradict anybody when discussing the weather. Should it hail and snow, should hurricanes uproot the trees from the sides of the road, and should someone remark to you : 'Nice day, isn't it ?' - answer without hesitation : Isn't it lovely ?' Learn the above conversation by heart. If you are a bit slow in picking things up, learn at least one conversation, it would do wonderfully in any occasion. If you do not say anything else for the rest of your life, just repeat this conversation, you still have a fair chance of passing as a remarkably witty man of sharp intellect, keen on observation and extremely pleasant manners." |
Pierre DANINOS | "Les Carnets du Major
Thompson" (1954) |
"Les Français sont peut-être des maîtres
dans la conversation, mais ce sont des enfants lorsqu'il s'agit de
parler du temps. C'est là une spécialité dont les Anglais sont les
rois incontestés [...] En France, parler de la pluie et du beau temps, cela revient à avouer que l'on est incapable de parler d'autre chose. En Angleterre, c'est un devoir sacré et la marque d'une sérieuse éducation. Pour être vraiment bon Anglais, il faut d'abord savoir parler du temps, du temps qu'il fait, du temps qu'il fit, du temps qu'il pourrait faire..." |
Peter TRUDGILL | "Sociolinguistics : an
introduction" (1974) |
(Et si cet intérêt pour le temps qu'il
fait avait une explication plus prosaïque !)
"Everyone knows what is supposed to happen when two Englishmen
who have never met before come face to face in a railway compartment -
they start talking about the weather. In some cases this may simply be
because they happen to find the subject interesting. Most people, though,
are not particularly interested in analyses of climatic conditions, so
there must be other reasons for conversations of this kind. One
explanation is that it can often be quite embarrassing to be alone in
the company of someone you are not acquainted with and not speak
to them. If no conversation takes place the atmosphere can become rather
strained. However, by talking to the other person about some neutral
topic like the weather, it is possible to strike up a relationship with
him without actually having to say much. [...] |
Jean OGER | "Les Anglais dans
l'intimité" (1975 ) |
"Le climat de
l'Angleterre, il faut le reconnaître, ne jouit pas d'une bonne réputation.
Les Anglais eux-mêmes l'admettent. «Le climat britannique serait le
meilleur du monde, écrit O. Frost, si seulement le temps était
meilleur.» On prétend que, de temps à autre, la B.B.C. envoie un
bulletin du temps (weather forecast) ainsi libellé : Rain
interrupted by showers (Pluie interrompue par des averses). C'est là
une calomnie. Expérience faite, le climat anglais n'est pas tellement plus mauvais que celui du Continent, sauf en certaines régions : le pays de Galles, l'Écosse, l'Irlande. Le sud du pays jouit par contre d'un bel ensoleillement, surtout les côtes du Kent et du Sussex, et l'on doit savoir qu'il pousse des palmiers dans l'île de Jersey." |
Bill BRYSON | "Notes from a Small
Island"
(1995) |
"I was awakened (...) by an
abrupt bellow of foghorn. (...) The world was bathed in that milky
pre-dawn light that seem to come from nowhere. Gulls wheeled and cried
over the water. (...) I came across an old guy walking his little dog (...) The man nodded a good-morning as I drew level. 'Might turn out nice', he announced, gazing hopefully at the sky that looked like a pile of wet towels. (...) The man was scanning the sky again. 'Definitively brightening up', he decided, and dragged his dog off. (...) I watched them go, then turned and walked off down the promenade as it began to spit with rain." |
© BP / PECAS - Octobre 2004
page complétée en octobre 2005