HUMOUR anglais, ou la petite phrase qui tue...
On notera dans la bonne société anglaise un goût très prononcé pour ces petites phrases anodines, souvent murmurées du bout des lèvres, mais qui assassinent néanmoins la personne visée sans avoir l'air d'y toucher. Car il y a bien souvent du venin derrière cet humour pince-sans-rire...
André MAUROIS | "Les Silences du Colonel Bramble" (1921) |
(C'est bien évidemment le très British Colonel Bramble
qui parle)
"Nous n'allons pas au collège pour nous instruire, mais pour
nous imprégner des préjugés de notre classe sans lesquels nous
serions dangereux et malheureux." |
George MIKES | "How to be an Alien" (1946) |
"In England, rudeness has quite a different technique. If somebody tells you an obviously untrue story, on the Continent you would remark 'You are a liar, Sir, and a rather dirty one at that.' In England you just say 'Oh, is that so ?' or 'That's rather an unusual story, isn't it ?'..." |
George MIKES | "How to be an Alien" (1946) |
"The English have no soul ; they have the
understatement instead.
If a continental youth wants to declare his love to a girl, he kneels
down, he tells her that she is the sweetest, the most charming and
ravishing person in the world, that she has something in her,
something peculiar and individual which only a few hundred thousand
other women have and that he would be unable to live one more minute
without her. Often, to give a little more emphasis to the statement, he
shoots himself on the spot. This is a normal, week-day declaration of
love in the more temperamental continental countries. In England the boy
pats his adored one on the back and says softly : "I don't object
to you, you know." If he is quite mad with passion, he may add :
"I rather fancy you, in fact." Overstatement, too, plays a considerable part in England social life. This takes mostly the form of someone remarking : "I say..." and then keeping silent for three days on end." |
Georges MIKES | "How to be an Alien" (1946) |
After spending eight years in this country, the other day
I was told by a very kind lady : 'But why do you complain ? You really speak a most excellent accent without the slightest English.' |
Tom SHARPE | "Porterhouse Blue" (1974) |
(La scène se passe dans le collège universitaire de
Porterhouse, à Cambridge. C'est important de le souligner pour
comprendre ce qui suit).
"- This country, said the Dean with a new intensity, has been
run for the past three hundred years by an oligarchy. |
Antony MIALL | "Xenophobe's Guide to the English" (1993) |
"However much English class structures change, class
consciousness never disappears. When BBC interviewer Sandra Harris met
that beldame of letters, Dame Barbara Cartland, in the 1960s, she asked
her : - "Have English class barriers broken down ?" Dame Barbara, with saccharine honesty, assured her : - "Of course they have, or I wouldn't be sitting here talking to someone like you." |
Julian BARNES | "Lettres de Londres" (1995) |
"William Whitelaw, ancien Vice-Premier Ministre de
Mrs Thatcher et membre du contingent des petits nobles plein de morgue,
décrivit Heseltine d'un méprisant : 'Un homme qui se peigne en
public.' Mais un tel dédain, un tel snobisme, de la part de la frange aristocratique et terrienne du parti tory sont inévitables, et sont presque un aveu de leur perte du pouvoir." |
Julian BARNES | "Lettres de Londres" (1995) |
"La démission d'un ministre de premier plan se fait généralement
en deux temps : la démission elle-même [...], et le discours qui
s'ensuit à la Chambre des Communes. [...] Sir Geoffrey se présenta devant la Chambre l'après-midi du mardi 13 novembre. [...] Plus tard dans la soirée [...] les barons tories déclaraient qu'en vingt ans ... Oh, vingt-cinq ans même, ils n'avaient jamais entendu un discours de démission aussi musclé. [...]. Sir Geoffrey Howe se tenait debout dans une travée à mi-hauteur. Il parlait doucement, courbé sur ses notes, les lâchant à l'occasion d'une main pour fendre l'air vigoureusement sur une épaisseur de plusieurs millimètres. Son aspect et son discours étaient à la hauteur de sa réputation : ovins. [...] En quarante ans de politique il n'avait été comparé qu'à une carcasse de mouton et à un paillasson mordeur." |
© BP / PECAS - Octobre 2004
page complétée en octobre 2005