De drôles de citations  


HUMOUR anglais, ou la petite phrase qui tue...


On notera dans la bonne société anglaise un goût très prononcé pour ces petites phrases anodines, souvent murmurées du bout des lèvres, mais qui assassinent néanmoins la personne visée sans avoir l'air d'y toucher. Car il y a bien souvent du venin derrière cet humour pince-sans-rire...

André MAUROIS "Les Silences du Colonel Bramble"
(1921)
(C'est bien évidemment le très British Colonel Bramble qui parle)

"Nous n'allons pas au collège pour nous instruire, mais pour nous imprégner des préjugés de notre classe sans lesquels nous serions dangereux et malheureux."
[...]
"Le peuple anglais, qui avait déjà donné au monde le fromage de Stilton et des fauteuils confortables, a inventé pour notre salut à tous la soupape parlementaire. Des champions élus font désormais pour nous émeutes et coups d'Etat en chambre, ce qui laisse au reste de la nation le loisir de jouer au cricket. La presse complète le système en nous permettant de jouir de ces tumultes par procuration."
[...]
"Mépriser le danger, tenir sous le feu [...] cela fait partie d'une bonne éducation. D'un petit bouledogue qui tient tête à un gros chien, ils disent gravement : 'C'est un gentleman'."
[...]
"Dans l'effroyable méchanceté de l'espèce, les Anglais établissent une oasis de courtoisie et d'indifférence. Les hommes se détestent ; les Anglais s'ignorent."
[...]
"Leur intelligence [...] se complait dans un bon sens vigoureux et dans l'absence de tout système. De là un ton simple et naturel qui rend plus charmant encore le goût de ce peuple pour l'humour."
[...]
"On a passé leur jeunesse à leur durcir la peau et le coeur. Ils ne craignent ni le coup de poing, ni un coup du sort. Ils considèrent l'exagération comme le pire des vices et la froideur comme un signe d'aristocratie. Quand ils sont très malheureux, ils mettent un masque d'humour. Quand ils sont très heureux, ils ne disent rien du tout."

George MIKES "How to be an Alien" 
(1946)
"In England, rudeness has quite a different technique. If somebody tells you an obviously untrue story, on the Continent you would remark 'You are a liar, Sir, and a rather dirty one at that.' In England you just say 'Oh, is that so ?' or 'That's rather an unusual story, isn't it ?'..."
George MIKES "How to be an Alien" 
(1946)
"The English have no soul ; they have the understatement instead.

If a continental youth wants to declare his love to a girl, he kneels down, he tells her that she is the sweetest, the most charming and ravishing person in the world, that she has something in her, something peculiar and individual which only a few hundred thousand other women have and that he would be unable to live one more minute without her. Often, to give a little more emphasis to the statement, he shoots himself on the spot. This is a normal, week-day declaration of love in the more temperamental continental countries. In England the boy pats his adored one on the back and says softly : "I don't object to you, you know." If he is quite mad with passion, he may add : "I rather fancy you, in fact."
If he wants to marry a girl, he says : " I say... would you ?..."
If he wants to make an indecent proposal : " I say... what about ..."

Overstatement, too, plays a considerable part in England social life. This takes mostly the form of someone remarking : "I say..." and then keeping silent for three days on end."

Georges MIKES "How to be an Alien"
(1946)
After spending eight years in this country, the other day I was told by a very kind lady :
'But why do you complain ? You really speak a most excellent accent without the slightest English.'
Tom SHARPE "Porterhouse Blue"
(1974)
(La scène se passe dans le collège universitaire de Porterhouse, à Cambridge. C'est important de le souligner pour comprendre ce qui suit).

"- This country, said the Dean with a new intensity, has been run for the past three hundred years by an oligarchy.
He paused to see if the General understood the word.
- Quite right, old boy, said Sir Cathcart. Always has been, always will be. No use denying it. Good thing.
- An elite of gentlemen, Cathcart, continued the Dean. Now don't mistake me, I'm not suggesting they started off as gentlemen. They didn't, half of them, they came from all walks of life. Take Peel for instance, grandson of a mill hand, ended up a gentleman though, and a damned fine Prime Minister. Why ?
- Can't think, said Sir Cathcart.
- Because he had a proper education.
- Ah. Went to Porterhouse eh?
- No, said the Dean. He was an Oxford man.
- Good God. And still a gentleman ? Extraordinary."

Antony MIALL  "Xenophobe's Guide to the English"
(1993)
"However much English class structures change, class consciousness never disappears. When BBC interviewer Sandra Harris met that beldame of letters, Dame Barbara Cartland, in the 1960s, she asked her : 
- "Have English class barriers broken down ?"
Dame Barbara, with saccharine honesty, assured her :
- "Of course they have, or I wouldn't be sitting here talking to someone like you."
Julian BARNES  "Lettres de Londres"
(1995)
"William Whitelaw, ancien Vice-Premier Ministre de Mrs Thatcher et membre du contingent des petits nobles plein de morgue, décrivit Heseltine d'un méprisant : 'Un homme qui se peigne en public.'
Mais un tel dédain, un tel snobisme, de la part de la frange aristocratique et terrienne du parti tory sont inévitables, et sont presque un aveu de leur perte du pouvoir."
Julian BARNES "Lettres de Londres"
(1995)
"La démission d'un ministre de premier plan se fait généralement en deux temps : la démission elle-même [...], et le discours qui s'ensuit à la Chambre des Communes.
[...] Sir Geoffrey se présenta devant la Chambre l'après-midi du mardi 13 novembre.
[...] Plus tard dans la soirée [...] les barons tories déclaraient qu'en vingt ans ... Oh, vingt-cinq ans même, ils n'avaient jamais entendu un discours de démission aussi musclé. [...]. Sir Geoffrey Howe se tenait debout dans une travée à mi-hauteur. Il parlait doucement, courbé sur ses notes, les lâchant à l'occasion d'une main pour fendre l'air vigoureusement sur une épaisseur de plusieurs millimètres. Son aspect et son discours étaient à la hauteur de sa réputation : ovins. [...] En quarante ans de politique il n'avait été comparé qu'à une carcasse de mouton et à un paillasson mordeur." 
     


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