Une GÉOGRAPHIE "CULTURELLE". 


Si l’on considérait (il y a fort longtemps !) la géographie uniquement comme la description de l’ensemble des éléments naturels qui composent un espace donné, la notion a beaucoup évolué depuis. Elle englobe désormais des idées très diversifiées que sont la géographie physique, la géographie humaine, la géopolitique, l’écologie, etc. …
Nous ne parlerons ici que de ce que l’on pourrait appeler une « géographie culturelle », dans la mesure où ce qui nous intéresse c’est la répartition de la culture anglo-saxonne à la surface du globe. Et cette géographie est bien évidemment très liée à l’Histoire des Anglo-saxons et aux implantations « géographiques » de ces groupes de culture particulière. 

Les pays anglophones


- Les Pays Anglo-Saxons

La culture anglo-saxonne est un héritage du passé partagé par quelques centaines de millions d’êtres à la surface de la terre. Ces hommes et ces femmes, au cours des siècles, se sont attribué des « territoires » que l’on nomme, par simplification, les pays anglo-saxons. Ce découpage est tout simplement le résultat de l’histoire de ces hommes.
Ces pays reconnus de « culture anglo-saxonne » sont : l’Angleterre, l’Ecosse, le Pays de Galles, l’Irlande, les Etats-Unis d’Amérique, le Canada, l’Australie et la Nouvelle Zélande… Mais cette dénomination peut être parfois considérée comme surprenante, voire contestable, car certains d’entre eux (l’Ecosse, le Pays de Galles, l’Irlande) se voient plutôt comme des pays de « culture celte » (même s’ils sont depuis longtemps dominés politiquement par l’Angleterre).
Deux autres pays ont longtemps fait partie de ce groupe très lié politiquement et culturellement, mais sont désormais en pleine période de transformation et d’éloignement. Il s’agit de l’Afrique du Sud et du Zimbabwe (ex-Rhodésie), depuis que le pouvoir dans ces deux pays africains a été repris par la majorité noire, mettant fin à la domination de la minorité blanche d’origine anglo-saxonne.
Pour comprendre les liens qui unissent tous ces pays, il faut suivre le cheminement historique des Anglais et de leur culture à travers le monde.
Les Angles (Engles) et les Saxons étaient des peuples ou des tribus germaniques du nord de l’Europe qui au Vème siècle ont débarqué en Grande-Bretagne.
Ils ne furent pas les seuls à migrer ainsi sur ces nouvelles terres : il y eut également les Jutes, les Vikings, etc. … D’autre part, ils y avaient été précédés par d’autres groupes comme les Celtes venus d’Europe centrale mais qui se sont vus petit à petit rejetés aux extrémités de l’Europe (dans les régions qui allaient devenir l’Ecosse, l’Irlande, le Pays de Galles, la Bretagne et la Galice). Les Romains étaient également venus s’installer dans ces régions britanniques (depuis le 1er siècle de notre ère), tout comme les Icènes
Puis ces Angles et ces Saxons seront suivis par les Normands venus du nord de la France et qui seront les premiers (après la chute de l’Empire romain), avec Guillaume de Conquérant (William the Conqueror) à « unifier » politiquement l’île dès 1066 – une date que tous les Anglais connaissent car elle symbolise le début de leur véritable « Histoire ».
Chacun de ces groupes laissera sa trace dans la langue, les croyances, l’art, la culture et le caractère de ce nouveau peuple. Toutefois, ce sont les Angles et les Saxons qui, mystérieusement, laisseront leurs noms à cette culture issue de ce mélange contrasté et qui s’implante dans ces régions et ce pays qui prend petit à petit « conscience » de son entité vers le XIème siècle. On parlera désormais d’Angleterre (England) – textuellement : la Terre des Angles (the Engle Land). Et plusieurs régions du sud-est de l’île gardent encore dans leurs noms cet héritage « angle » (hâtez-vous de visiter le petit paradis de l’East Anglia !) ou « saxon » (ce sont l’Essex, le Wessex, le Sussex et le Middlesex).

Le berceau de la culture anglo-saxonne est désormais fixé.

Devenus forts, ces Anglo-Saxons vont vite, comme les Romains avant eux, se heurter à leurs voisins dits « belliqueux », à savoir les Scots, les Gallois (Welsh) et les Gaels (en Irlande). Il se pourrait en fait qu’il ne s’agisse de leur part que d’une résistance aux tentatives de soumission du plus puissant de leurs voisins ! Les Celtes ont toujours fuit les terrains de lutte et n’ont jamais tenté d’envahir à nouveau par la force cette Angleterre qu’ils avaient quittée.


- Ces Pays anglo-saxons qui n’en sont pas vraiment

l’Ecosse, le Pays de Galles, l’Irlande sont donc des pays majoritairement celtes mais qui ont été petit à petit annexés au royaume d’Angleterre et dans lesquels beaucoup d'Anglais se sont installés et ont fait souche au cours des siècles :

Edward le Confesseur soumettra le Pays de Galles en 1052.

Henry II d’Angleterre se lancera dans la conquête de l’Irlande en 1171.

Edward I obligera le Roi du Pays de Galles à se soumettre comme vassal du Roi d’Angleterre en 1277.

En 1282, l’Angleterre annexera le Pays de Galles, et le Prince héritier de la couronne d’Angleterre deviendra Prince de Galles (Prince of Wales). Titre qu’il porte encore de nos jours.

Entre 1292 et 1314 les Anglais chercheront à soumettre l’Ecosse. La Victoire écossaise de Bannockburn en 1314 mettra fin à ces tentatives. Sur leur lancée, les Ecossais attaqueront les positions anglo-normandes en Irlande (entre 1315 et 1318).

Suivront, à partir de 1337, les luttes entre le roi d’Angleterre et le Roi de France pour prendre un héritage que chacun clame être le sien : c’est la guerre de 100 ans. La France deviendra en grande partie terre de culture anglo-saxonne jusqu’en 1475. Mais elle ne le restera pas – mise à part la ville de Calais qui ne sera reprise qu’en 1558. C’est un tournant important pour nous Français, mais également pour les petits voisins de l’Angleterre qui sont à nouveau menacés.

En 1534, après l’écrasement de la rébellion à Maynooth, l’emprise de l’Angleterre sur l’Irlande se renforcera.

Les « Union Acts » de 1536 et de 1543 scelleront « définitivement » (?) l’annexion du Pays de Galles par l’Angleterre.

En 1603, la Reine d’Angleterre, Elizabeth I, décèdera sans héritier. Sa couronne reviendra ainsi au fils de sa cousine, Mary Stuart : c’est donc Jacques VI d’Ecosse qui devient Jacques I d’Angleterre, réunissant de fait les deux pays ennemis.

En 1620, les premiers groupes d’Anglo-Saxons quitteront leur berceau européen pour partir s’installer dans les nouveaux territoires d’Amérique du Nord. C’est le début d’une importante expansion qui s’ignore encore.

Entre 1641 et 1652 l’Irlande sera secouée par de nouvelles rébellions. C’est la République anglaise d’Oliver Cromwell qui les écrasera et les Anglais confisqueront les terres à leur bénéfice.

En 1707, la fusion entre l’Angleterre et l’Ecosse deviendra « définitive » (?). Cet « Union Act » prévoit un parlement commun, une monnaie unique et un drapeau commun réunissant les drapeaux des deux pays. C’est une première version du « Union Jack ». Mais les tensions entre les deux populations sont loin d’être éteintes. Les Jacobites écossais refuseront que la couronne désormais commune aux deux pays ne parte chez les Hanovre et ne soit pas attribuée aux héritiers de la famille Stuart. S'ensuivront des batailles en 1715, 1719 et surtout 1745 avec la tentative de retour au pays du Prince Charles-Edward (« Bonnie Prince Charlie ») qui était exilé en France. Revenu en Ecosse, il échappera aux troupes anglaises et marchera sur Londres avec ses Highlanders avant d’être stoppé. La répression anglaise ira jusqu’à l’interdiction du port du kilt, de l’utilisation de la cornemuse ou de l’emploi de la langue gaélique. De nombreux Highlanders vont alors émigrer au Canada.

Les Anglais prennent possession de territoires en Inde dès 1763.

Ils annexent l’Australie en 1770.

En 1800, une loi d’Union avec l’Irlande est votée au parlement britannique. C’est la naissance du Royaume-Uni en 1801 avec l’ajout de la croix rouge de Saint Patrick au drapeau du royaume (version actuelle du Union Jack).

La Nouvelle-Zélande est annexée en 1840.

Entre 1916 et 1921 les tensions reprennent en Irlande. L’Angleterre attribue alors son autonomie à cette partie du Royaume-Uni qui finira par obtenir son indépendance en 1937 puis deviendra une république en 1949. Seule la région nord-est, l’Ulster, restera dans le Royaume-Uni… ce qui est encore source de tensions en ce début de XXIème siècle.

En 2000, l’Ecosse et le Pays de Galles obtiendront une certaine autonomie symbolisée par un parlement local, sur le modèle de celui attribué à l’Ulster.

La « culture anglo-saxonne » (langue, institutions …), on le voit, s’est donc installée – souvent de force – dans des territoires loin de l’Angleterre, et s’est imposée à des populations qui n’étaient en rien anglo-saxonnes. Parfois même, une population anglo-saxonne immigrée a su s’imposer et même confisquer le pouvoir au grand dam des minorités du pays concerné : aux USA par exemple, seuls des WASPs (« White Anglo-Saxon Protestants » - Blancs, anglo-saxons et protestants) ont pu accéder à la présidence, à une seule exception près – John F. Kennedy qui était d’origine irlandaise et catholique !

L’empreinte anglo-saxonne est indéniablement profonde dans ces pays, même dans ceux qui ont obtenu leur indépendance par la suite, même dans ceux qui revendiquent leur racines anciennes (celtes par exemple en Ecosse, Irlande et Pays de Galles ; indiennes aux USA et au Canada ; aborigènes en Australie ou maori en Nouvelle-Zélande).


- Les Pays Anglophones

Si les pays que nous venons de classer comme étant « anglo-saxons » forment un bloc d’entités semblables culturellement, c’est parce que leurs populations restent très majoritairement blanches et d’origine anglo-saxonne.
Pour d’autres pays, la situation est très différente. Ce sont toutes ces anciennes colonies de l’Empire britannique qui sont peuplées majoritairement d’Africains ou d’Asiatiques. La greffe culturelle anglo-saxonne n’a donc pas pu avoir le même impact sur ces sociétés.
Depuis 1945 pour l’Inde et à partir de 1960 pour la majorité des anciennes colonies africaines (Ghana en tête), l’indépendance a marqué un tournant profond permettant des changements radicaux dans la mesure où ces populations ont pu alors remettre en avant leurs cultures propres. Toutefois, ces pays, très divisés linguistiquement en raison de leur grande diversité ethnique, ont souvent gardé la langue anglaise comme vecteur d’unification. C’est pourquoi l’on parle souvent de « pays anglophones ».
En plus de la langue, ils ont également gardé très souvent un système administratif et juridique calqué sur celui de Londres, et qui survit dans la mesure où les élites vont encore se former à Londres ou à New-York.

Les plus proches du système anglo-saxon restent : l’Inde, le Pakistan, l’Afrique du Sud, le Nigeria, le Ghana, le Kenya, le Zimbabwe (ancienne Rhodésie)…

Allez voir notre carte des pays anglophones



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page complétée en juillet 2005