Les mots sont des symboles sonores et/ou graphiques qui
représentent des objets, des idées, des actions, des qualités, etc. ...
Le mot "book" éveille immédiatement dans notre esprit une
"image" de l'objet qu'il remplace ; de même pour une action comme "run",
ou une qualité comme "cold".
Comprendre une langue consisterait donc "simplement" à apprendre des
mots et, éventuellement, les règles de modification et d'agencement de ces
mots dans un certain ordre pour former une chaîne sonore ou graphique
significative.
Mais tout n'est pas aussi simple, car ces mots, au fil des siècles, se sont chargés de valeurs supplémentaires, se sont transformés ou se sont spécialisés, se sont enrichis de nouvelles utilisations, ont été plus ou moins bien prononcés selon les régions dans lesquelles ils ont été utilisés, se sont démodés, ont changé de sens, et, parfois, se sont vu opposer des mots voisins du point de vue de la prononciation ou de l'écriture, avec des risques de confusion évident. Ce sont tout ces problèmes qu'une personne qui découvre une langue étrangère doit apprendre à démêler.
La traduction d'un mot est une chose relativement simple, du
domaine du dictionnaire bilingue. Mais seul un apprentissage long et patient
nous permettra de découvrir, de comprendre et d'apprécier le supplément
"social" et "culturel" que véhiculent, en plus, certains
mots.
Il y a bien évidemment le problème du "niveau de langue" : un
mot peut être courant, ou neutre, mais attention, un autre sera vulgaire,
argotique, grossier, familier, poétique, scientifique
et technique, régional, etc. ... et cela, les dictionnaires
bilingues, faute de place, ne le disent pas toujours !
Mais parfois, il y a un "complément de sens" attaché à
certains mots d'apparence toute simple. "A rose", c'est une rose, bien
entendu, mais c'est plus qu'une jolie fille d'églantier pour nos amis anglais, puisque cette fleur,
et donc ce mot, symbolise leur pays, comme le coq symbolise la France. De plus, nous verrons
que certains mots sont désormais chargés d'une très forte "anglicité"
! Ils sont devenus des symboles évoquant immanquablement l'Angleterre ou la
Grande-Bretagne.
Comprendre une langue est donc une activité culturelle autant que linguistique !
La méconnaissance des notions culturelles cachées derrière un mot peut bloquer toute compréhensions du message. "He can't be a Tory !" n'évoque pas grand chose si on se contente de le traduire : "il n'est certainement pas Tory !" Il est indispensable de savoir que nous n'avons là pas affaire à un nom de famille, ou alors faut-il le prendre dans le sens d'une famille politique. Un "Tory" est un conservateur, et s'il n'est pas Tory, c'est qu'il doit être "Labour" (travailliste), voire "Lib-Dem" (liberal-democrat).
Apprendre ou comprendre une langue, c'est donc apprendre une culture dans son ensemble.
Heureusement, le fond commun entre la culture anglaise et la
nôtre est important : ces acquis feront partie de notre bagage de départ et
nous faciliteront la tâche. Mais cette facilité ne doit pas nous faire perdre
de vue qu'il reste d'importantes notions culturelles à acquérir sous peine de
ne pas comprendre, ou pire encore, de choquer ou de commettre des bévues lors
de nos échanges avec des voisins britanniques.
Par notions culturelles, il faut bien sûr comprendre tout ce qui fait un pays
ou un peuple : son histoire, sa géographie, ses institutions, ses héros, sa
littérature, ses symboles, ses idéaux, ses valeurs, ses habitudes, son cadre
de vie, etc. ... Tout ce qui fait qu'ils ne sont pas "nous" mais
"des autres" .
Cet apprentissage culturel sera forcément long mais restera
indispensable si l'on ne veut pas faire de bourde en toute ignorance : il me
souvient, dans mon adolescence, avoir choqué une famille d'Irlandais qui
m'avait si chaleureusement accueilli chez elle en leur lançant, parce qu'ils
parlaient anglais, buvaient du thé et roulaient à gauche, "finalement,
vous êtes comme les Anglais !". C'était méconnaître tout leur
douloureux passé historique et leur culture propre (celte) que les Anglais ont
longtemps tenté de gommer.
Chacun pourra évoquer ses impairs, et toutes ces occasions où on a trébuché
sur un mot mal compris, une allusion restée obscure, une référence politique,
musicale ou littéraire incomprise, une publicité, une histoire humoristique ou
une bonne blague qui n'évoquait rien, restée "meaningless" !
Comprendre une phrase, c'est : | |
* comprendre le sens de chacun des mots qui la composent | (pur et simple travail lexical) |
* comprendre également les idées ajoutées par un
certain agencement "grammatical" des mots entre eux |
("You're French" dit avec une intonation
montante est une question et non une affirmation) |
* mais aussi saisir les références culturelles cachées derrière ces mots. |
(ce que les informaticiens appellent si justement "hypertexte", ce qui est caché derrière le texte mais partagé par ceux qui savent !) |
"He was sent to Bedlam." n'aura pas été compris par celui qui se contentera de traduire : "On l'a envoyé à Bedlam". Le message ne sera passé entièrement que pour ceux qui savent que cette ville d'Angleterre est surtout connue pour son hôpital psychiatrique ; ceux qui auront donc transcrit : "On l'a interné à Bedlam".
De toute évidence, on ne peut comprendre que ce que l'on a déjà entendu et appris ! Mais c'est justement ce que nous cherchons à vous faire entendre... Vous ne pourrez bien comprendre la langue anglaise que lorsque vous aurez acquis de bonnes connaissances de culture anglo-saxonne. N'hésitez donc pas à poser des questions si un message reste obscur. Ceux qui vous parlent anglais comprendront que vous ne connaissiez pas tout de leur univers. Et puis n'hésitez pas non plus à parcourir toutes nos pages qui visent bien entendu à vous faciliter la tâche en vous faisant rapidement découvrir ce que nous avons découvert au fil des ans lors de nos voyages et de nos échanges. Tout ce travail de mise en ligne sur la "toile" ne vise qu'à vous permettre de mieux "comprendre" l'anglais.
ELEPHANT :
Un dessin humoristique montrait Bill Clinton, alors Président des Etats-Unis d'Amérique, au lit avec un éléphant. Qu'est-ce que cela évoque pour vous ? |
NON ! Ce n'était pas une caricature grossière moquant Hillary, son
épouse, qui aurait des problèmes de surpoids. Il faut savoir, pour comprendre ce dessin humoristique, que Clinton était "démocrate" et qu'en cours de mandat présidentiel, il s'est trouvé face à une majorité "républicaine" au Congrès. Il lui a donc fallu "cohabiter" avec l'opposition (d'où la scène du lit). D'autre part l'emblème du parti républicain est tout simplement un ... éléphant. Tout est clair désormais ! Autant apprendre par la même occasion que l'emblème du parti démocrate est un âne. |
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PEANUTS :
Un autre dessin humoristique (enfin, humoristique, cela reste à prouver !) représentait Tony Blair, alors Premier Ministre du Royaume-Uni, proposant un sachet de cacahuètes de marque "Minimum Wage" tout en déclarant qu'elles sont encore meilleures lorsqu'elles sont gelées ("frozen"). Y comprenez-vous quelque chose ? |
Il faut savoir, pour comprendre ce dessin, qu'en 1999, Tony Blair
avait rétabli un salaire horaire minimum ("a minimum wage")
qui en son temps avait été supprimé par Margaret Thatcher. C'était
une avancée sociale, certes, mais timide, dans la mesure où ce taux
horaire était extrêmement bas - d'où ce paquet de cacahuètes qui
évoque l'expression populaire "his pay was peanuts" (=
on l'a payé avec des cacahuètes - en français nous dirions :
"avec des queues de cerises" ou "avec des noyaux de
cerises"). Pour terminer l'explication de texte, il faut savoir que dès l'année 2000 le Premier Ministre décidait de ne pas accorder d'augmentation de salaire aux "Smicards" britanniques et il a donc "gelé" le minimum wage pour une durée de un an ... d'où son ardeur à nous convaincre que c'est encore meilleur quand c'est congelé ! |
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KICK the BUCKET :
Un court sketch vu à la télévision britannique se terminait sur cette scène montrant un homme assis dans son fauteuil et lisant son journal. Tout à coup, il tombe à terre, s'étale de tout son long et donne un violent coup de pied contre un seau d'eau posé à côté de lui. Puis "The END" s'inscrivit sur l'écran.. Comprenne qui pourra !
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Bizarre, bizarre, vous avez dit bizarre ?
Seuls auront compris cette scène finale ceux qui savent qu'en anglais l'expression familière "He kicked the bucket" (= il a donné un coup de pied dans le seau) signifie qu'il est mort. Un réalisateur français aurait filmé notre homme lisant son canard
la pipe au bec, pipe qui se serait cassée en deux lors de sa chute par
terre : nous aurions tous compris qu'il venait de "casser sa
pipe" ou de "passer l'arme à gauche" ! Mais nos amis
Anglais n'y auraient plus rien compris. |
Her Royal Highness Her Majesty God save the Queen Magna Carta The Domesday Book The Bill of Rights Habeas Corpus The British Empire The Commonwealth The Union Jack Rolls-Royce Victoria William Shakespeare Winston Churchill Britannia Albion The Continent |
a Bank holiday The Sunday papers a cab a double-decker Big Ben Home sweet home ! a Cockney BBC The upper class a Grammar school a public school a Comprehensive Oxbridge O levels / A levels The Old Fellows a Wimpy Cricket |
Sunday Closed a tea-break Put the Kettle on ! a cup of tea / a cuppa white or black (tea) fish and chips The milkman No milk today ! The local (pub) a pint Oops ! Shocking ! a pet a foot / an inch a Bobby a pound a compromise |
Cette liste n'est pas exhaustive, mais si la subtilité de
certains de ces mots vous échappe, vous n'êtes hélas pas encore tout à fait
au point pour affronter un séjour à Londres, car ils forment à eux seuls
l'essentiel de l'âme anglaise, il faut le savoir.
Nous espérons par contre que leur connaissance vous permettra de dépasser la
première étape de l'apprentissage de la langue anglaise telle que
décrite par George Mikes dans "How to be an Alien"
:
"Nice is not the only adjective the language possesses, in spite of the fact that in the first three years you do not need to learn or use any other adjectives." |
Vous trouverez d'autres mots essentiels sur l'une de nos page de citations.
Parmi les mots chargés d'une forte valeur anglo-saxonne, il y a, bien entendu, les grandes marques industrielles et commerciales qui symbolisent leur pays (même si depuis la fin du XXème siècle, la mondialisation a fortement brouillé les cartes en multipliant les rachats par des sociétés étrangères et les reventes incessantes).
Les grandes marques industrielles & commerciales(Certaines ont disparu, mais elles restent dans la
mémoire |
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British | American |
ICI BP Biro Cadbury Rolls-Royce British Leyland Rover Triumph Jaguar British Airways Virgin Penguin Wimpy HMV BBC ITV Amstrad W.H. Smith and Son Marks and Spencer Woolworth Selfridges Harrod's Raleigh Barclays Lloyd's Hoover Tetley etc. |
Coca-Cola Pepsi-Cola Microsoft Intel Motorola IBM Apple Boeing General Motors Ford Harley-Davidson CBS CNN Pan-Am Mobil Esso Texaco Waterman Time-Warner AOL Mc Donald NASA Kellog's Levis Unilever Wallmart Tesco etc. |
Et puis il y a toutes ces spécialités qui sont forcément anglaises puisque tout le monde le dit, leur nom l'indique clairement :
On dit ... | ... pour signifier |
Il fait la semaine anglaise | = il ne travaille pas le week-end (ni samedi, ni dimanche) |
Elle a de belles anglaises | = de longues boucles torsadées en spirale |
C'est peint en vert anglais | = en vert foncé |
Il s'est contenté d'une assiette anglaise | = un assortiment de légumes crus et de viande froide |
Il adore la crème anglaise | = une crème que l'on verse sur les desserts ("custard" en anglais !) |
N'oublie pas de prendre tes capotes anglaises | = préservatifs (mais les Anglais parlent de "French letters" !) |
Elle a filé à l'anglaise | = elle s'est sauvé en douce (mais les Anglais disent "She took the French leave" !) |
Vous aurez des pommes à l'anglaise | = cuites à la vapeur |
C'est imprimé en anglaise | = en écriture cursive penchée à droite |
L'anglaise ne plait pas à tout le
monde même si on enlève les noyaux |
= une variété de cerise acidulé souvent utilisée dans les tartes |
Anglaiser | = sectionner les muscles abaisseurs de la
queue d'un cheval pour qu'elle reste en position horizontale |
Pour finir, puisque vous insistez, nous aborderons brièvement le domaine de l'argot.
Le problème de l'argot, ce n'est pas tant qu'il soit vulgaire, mais plutôt qu'il soit changeant. Ce langage populaire est sans cesse réinventé par chaque génération qui n'accepte pas forcément les us de leurs aînés et des mots vieux de 5 ou 10 ans sont déjà dépassés. Enfin certains résistent plus longtemps ... en voici une petite liste qui vous permettra de mieux comprendre la langue de la rue :
français | anglais courant | colloquial English (familier) |
slang (argot) |
une cigarette | a cigarette | / | a fag |
un policier | a policeman a PC |
a Bobby | a cop (GB) a pig (US) |
merci | thank you thanks ! |
Ta ! (dans le nord de l'Angleterre) |
/ |
une publicité | an advertisment | an ad | / |
Il n'est pas ... | He is not ... | He isn't ... | He ain't ... |
Je vais ... (+ un verbe) | I'm gointg to ... (+ verb) | / | I gonna ... |
Je dois ... (+verbe) | I've got to ... (+ verb) | / | I gotta ... |
Je veux ... (+ un verbe) | I want to ... (+ verb) | / | I wanna ... |
..., n'est-ce pas ? | ..., isn't it ? | / | ..., ain't it ? ..., 'ini't ? |
un Australien | an Australian | / | an Aussie |
cinglé | mad | / | barmy |
une fête | a feast | / | a beano |
un fille | a girl | / | a bird a sheila (Australian) |
du baratin | / | blah-blah-blah | / |
mince alors | / | / | Blimey ! |
un mec / un type | a man | a chap | a bloke a bud a buddy |
les toilettes | the toilets the bathroom |
the loo | the bogs |
une beuverie | / | / | a booze |
je suis fauché | / | / | I'm broke |
un dollar | a dollar | a green-back | a buck |
papoter | talk | chat | / |
un taxi | a taxi | a cab | / |
salut ! | Good-bye | Cheerio ! | / |
Souriez ! (pour prendre une photo) |
/ | Say Cheese ! | / |
à la tienne ! | To your Health | Cheers ! | / |
Et l'argot, on le sait, n'hésite pas à descendre en dessous de la ceinture ... alors allons-y ! | |||
les testicules | the testicules | / | the balls the bollocks |
une prostituée une salope |
a whore | / | a bitch |
les seins | the breasts | / | the boobs |
un salaud, un couillon | / | / | a bugger |
des conneries, du baratin | / | / | bullshit |
le postérieur | the bottom | the butt the bum |
the ass the arse |
un "trou-du-cul" | / | / | an ass-hole |
Mais pour en savoir plus, nous vous conseillons d'acheter le "HARRAP'S SLANG Dictionary" - Un outil indispensable.
Pour faire un tour complet de cette courte étude sur la valeur
des mots, il nous faudrait aborder le problème des variantes régionales.
Chaque groupe de locuteurs finit par inventer ses propres usages, ses propres
expressions et sa propre prononciation.
Tout le monde sait que les Ecossais roulent les "r", comme les
Bourguignons, ou que les Cockneys de l'est-londonien ne prononcent pas les
"h" en début de mot.
Les gens du nord de l'Angleterre par exemple vous adressent volontiers la
parole, même sans vous connaître, en ponctuant leurs phrases de
"love" (mon chéri !).
Nice weather, ain't it, love ? |
N'y voyez là aucune déclaration d'amour ! Mais un simple terme affectueux.
La séparation entre deux groupes et deux coutumes peut être sociale et non pas régionale : vous le remarquerez avec un mot simple comme "often" (= souvent). En général, les gens qui ont une haute éducation le prononcent [ofeun], alors que la majorité des gens le prononce [oftèn]. A vous maintenant de choisir votre camp ! Et si vous faisiez comme moi, en vous adaptant à vos interlocuteurs, c'est-à-dire en choisissant la prononciation qui correspond le mieux aux personnes à qui vous parlez.
Toutefois, nous n'approfondirons pas ce sujet, faute de compétences, et faute de temps. Il nous faudrait en effet, pour ne pas faire de jaloux, étudier toutes les régions ... impensable !
Un autre problème de communication très "culturel"
est rarement abordé dans les livres : celui de la gestuelle. Il est vrai
que l'on peut dire beaucoup avec les mains ...même si nos amis Britanniques
n'ont pas la réputation des Français ou encore des Italiens. De plus, tout
cela n'est pas toujours facile à expliquer sur papier (ou sur écran).
Il est toutefois deux petites choses contre lesquelles nous voudrions vous
mettre en garde pour que vous ne fassiez pas d'impair.
Premièrement, les Anglais ne se serrent pratiquement pas la main, ils se contentent en général d'un petit signe de la main pour se saluer. Le "shake hands" est souvent limité à la toute première rencontre : inutile donc de tendre la main, vous seriez embarrassé de voir que personne ne la saisit... ou alors ce seraient vos amis Anglais qui seraient embarrassés et se plieraient maladroitement à un usage qui n'est pas de chez eux. Ensuite, les Anglais se font encore moins la bise qu'ils ne se serrent la main. Alors, ne vous précipitez pas sur leurs joues la bouche en cœur, ils seraient très surpris et très gênés.
Ensuite, il est un geste qui est très célèbre depuis 1944 ou
1945. Tout le monde a vu cette photographie de Winston Churchill, son gros
cigare au bec, faisant le signe de la victoire en tendant son majeur et son
index en l'air en forme de V.
Et bien faites très attention si vous voulez utiliser ce geste dans les pays
anglo-saxons. Faites-le bien en tournant la paume de votre main et vos doigts
repliés vers vos interlocuteurs ... car le même geste, mais le dos de la main
tourné vers les autres signifie "Vas te faire foutre !". C'est
l'équivalent de notre "doigt d'honneur".
A bon entendeur, salut !
Vous l'aurez donc compris, et nous sommes désolés pour vous, mais vous n'êtes donc pas au bout de votre apprentissage.
En attendant, allez voir notre page sur les Jeux de Mots
© BP / PECAS -
juillet 2006
page complétée en août 2007